I/évacuation en masse de la population civile de Malaga commença le Dimanche 7 Février. Le lundi matin 8 Février, vingt-cinq mille hommes, Allemands, Italiens, Maures, entraient dans la ville. Les tanks, les sous-marins, les navires de guerre, les avions étaient entrés en action combinée pour écraser la défense d'une ville soutenue par une petite troupe héroïque d'Espagnols, sans tanks, sans avions, sans aide. Les dénommés NaIiona-ltisles pénétrèrent dans une ville en fait déserte, ainsi d’ailleurs qu’il en est chaque fois qu’ils entrent dans un village ou une cite’ capturés.
Et à présent, tâchez de vous représenter cent cinquante mille hommes, femmes et enfants partant pour se mettre en sûreté dans une ville éloignée de plus de deux cents kilomètres. Il n’_v a qu’une seule route qu’ils puissent prendre, un seul chemin pour échapper: bordé d'un côte par la haute Sierra Nevada, de l’autre par la mer, corniche taillée à même le roc, ‘a cent cinquante métres d’altitude. C’est Almeria qu’ils doivent atteindre, à deux cent vingt kilomètres de distance. Un homme jeune, fort, peut parcourir à pied quarante à cinquante kilomé- tres par jour. Le voyage de ces femmes. de ces enfants, de ces vieillards devra durer au moins cinq jours et cinq nuits. Pas de nourriture dans les villages traversés en route,pas de trains, pas d’autobus pour les transporter. Il faut marcher à pied et tandis qu’ils marchent, hagzards, chancelants, trébuchant sur leurs pieds blessés et sanglants, au long de cette route blanche, les avions ennemis les bombardent et les mi- traillent, les bateaux ennemis les arrosent d’obus.
je veux vous dire maintenant ce que j'ai vu, moi, de cette marche forcée, —la plus terrible, la plus longue des évacuations d’une ville des temps modernes—. Nous étions arrivés à Almeria le mercredi 1l) Février, à cinq heures du matin, avec un camion frigorifique contenant des ampoules de sangsterilisé, venant de Barcelone. Notre intention était d’aller à Malaga pour les transfusions de sang à faire
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