- 16 - les années '30 au Québec et les années '30 en Espagne et les années '60, '70. Le point de départ est tout à fait diffé- rent, le contexte radicalement différent bien sûr; néanmoins où il y a ceci de commun; cela fait partie de la société capitaliste occidentale en crise. Je vais parler maintenant de quelques exemples de quelques expressions d'une dissidence a l’intérieur de la société québécoise qui font qu'il ne s'agissait pas, comme M. Durocher là laisse clairement entendre, d’une société totalement monolithique , soit celle que les dirigeants de la petite bourgeoisie et les chefs de l’église ont voulu créer. Il y avait aussi un petit courant minoritaire qui pour être petit n'en était pas moins existant et avait dans ses limites un certain impact. André Malraux n'a pas pu prendre la parole à Montréal chez les francophones. Il est venu ici en 1937; j'ai fait une ballade avec lui en lui montrant un peu la ville, et il a dit que les édifices de l’Université de Montréal rappelait la cité universitaire de Madrid occupée par les fascistes, et il a dit en passant devant l’oratoire et les séminaires, les couvents, les institutions religieuses, "Je comprendrais qu'il y ait chez certaines personnes d’ici l’idée que si on ne fait pas très attention il y aura un prêtre pendu à chaque lampadaire ". Enfin, ce genre de cauchemar était bien le cauchemar paranoïaque qui reflétait pré- cisément l’anti-communisme hystérique. André Malraux n'a pas pu parler parce que les étudiants de l’Université de Montréal avaient organisé un défilé avec des flambeaux et ils en hurlaient les mots d'ordre: à bas les Juifs, à bas le communisme. Et le maire Raynault, dans sa sagesse, a dit: si vous tenez votre réunion a l’aréna Mont Royal, il y aura effusion de sang, alors j'interdis la réunion. A la fin, André Malraux a quand même pris la parole, mais dans une église protestante de la rue Dorchester, l’église du Révérend McCutcheon qui était un des membres du comité d'aide à l’Espagne républicaine. La même