Section Santé et services sociaux TEXTE PRÉLIMINAIRE SOUMIS AU GROUPE D’EXPERTS DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA SUR L’ÉTAT ET L’AVENIR DES BIBLIOTHÈQUES DU CANADA 18 octobre 2013 1. NATURE ET ACTIVITÉS DE L’ORGANISME Nous représentons la Section Santé et services sociaux de l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED). Nous sommes également désignés comme étant le chapitre québécois de l’Association des bibliothèques de la santé du Canada. L’ASTED Santé et Services sociaux compte actuellement une soixantaine de membres individuels et institutionnels. Nous sommes actifs à plusieurs niveaux : • Formation Nous organisons annuellement des journées de formation. Par exemple, les thèmes abordés le 7 juin dernier ont été la nouvelle loi sur le droit d’auteur, les applications mobiles en santé et une introduction à la pratique fondée sur des données probantes en sciences de la santé. Pour faciliter l’accès à des activités de formations aux membres en région, nous offrons cette activité en visioconférence. • Association des bibliothèques de la santé du Canada - Congrès 2014 L’Asted Santé et services sociaux est coorganisateur du congrès de l’ABSC qui se tiendra à Montréal en 2014. Le comité d’organisation est formé de 10 personnes, dont plusieurs de l’Université de Montréal et de l’Université McGill. • Communications Nous utilisons un blogue comme principal outil de diffusion à l’intention de nos membres. L’interface a été refaite au cours des derniers mois. 25 messages ont été publiés depuis notre dernière assemblée générale et depuis novembre 2012, 5536 pages ont été vues.   1 2. OBSTACLES ET DÉFIS Quels sont, à votre avis, les obstacles que vous rencontrez dans vos efforts pour améliorer les services des bibliothèques et des centres d’archives ? Quels sont les défis pour les bibliothèques et des centres d’archives dans les années à venir ? Dans cette société qualifiée couramment de « Société du savoir », l’évolution des bibliothèques de santé et services sociaux depuis vingt ans épouse en bonne partie celle qu’a connu le milieu des bibliothèques spécialisées : - La bibliothèque n’est plus un lieu de conservation mais un service pro-actif agissant au-delà de ses murs. En tant que professionnels de l’information, nous offrons maintenant une large gamme de services professionnels en interaction avec les autres professionnels de la santé. Il nous apparaît que les directions d’institutions et les clientèles que nous desservons requièrent une intensification de mesures de sensibilisation et de promotion pour bien saisir nos nouveaux rôles et les services que nous offrons. Notamment, nos usagers ne soupçonnent pas toujours qu’ils se branchent quotidiennement sur une infrastructure complexe bâtie par l’expertise des professionnels de l’information. Cette méconnaissance a aussi des répercussions la reconnaissance professionnelle de nos fonctions en milieu de santé. Nous devons travailler à inscrire et faire reconnaître dans les conventions collectives les nouvelles tâches que nous exécutons. - Les professions de l’information se sont associées à la mise en place de l’interdisciplinarité en milieu de santé, provoquant l’éveil d’un nouveau rapport collaboratif avec les professionnels de la santé. Une nouvelle fonction est née de cette tendance, celle d’informationniste, dorénavant intégré au sein des équipes de soins (catégorisé souvent par le terme générique embedded). - Les nouvelles technologies sont un puissant vecteur de transfert de connaissances, mais la médiation du professionnel de l’information pour gérer, traiter et sélectionner l’imposant flux d’information ainsi transporté est plus que jamais vitale. Nous observons trop souvent chez les professionnels de la santé l’illusion qu’entretiennent les technologies de l’information de tout avoir au bout de ses doigts. Nous nous positionnons comme les experts de la recherche d’information. Devant la somme de savoir disponible en croissance exponentielle, nous sommes naturellement devenus des acteurs très actifs dans la conception des revues de littérature systématiques. Par le fait même, nous sommes les mieux placés pour effectuer la formation à la recherche d’information des étudiants et des professionnels établis. Les hôpitaux sont cependant des environnements très contrôlés par les Directions des technologies de l’information. L’usage du téléphone cellulaire date d’il y à peine un an, et la technologie du sans-fil n’est pas encore généralisée dans nos établissements. Nous avons peine à soutenir le rythme de l’évolution des TI et d’être au diapason des applications de nos usagers. - Autre évolution notable : à l’ère du patient dit partenaire, nos milieux s’adaptent de plus en plus à la demande provenant du grand public et s’ouvrent de plus en plus à cette clientèle. Nous contribuons ainsi à la meilleure prise en charge du patient de sa situation médicale.   2 Pour illustrer ces défis, la section Santé et Services sociaux de l’ASTED (Association des sciences et techniques de la documentation) (ASTED 3S) mène en ce moment un sondage toujours en cours dont nous avons en main des résultats préliminaires. Il a été envoyé à plus de 200 spécialistes de la documentation dans le milieu de la santé afin de mieux connaître la situation professionnelle que vivent les bibliothécaire et techniciens en documentation En voici un aperçu. a) Diminution des budgets d’opération. Les répondants ont mentionné le fait qu’ils ne peuvent maintenir un niveau optimal d’accès à la documentation en raison de la diminution continuelle de leur pouvoir d’achat. 57% des répondants au sondage en font un objet de grief majeur. Alors que les tarifs d’abonnement aux périodiques électroniques ont grimpé de plus de 30% en 5 ans, les budgets quant à eux stagnent ou décroissent, ce qui oblige à des choix qui pénalisent nos clientèles (les délais ou manque d’accessibilité en particulier). 93% signalent qu’il n’y pas eu d’augmentation de leur budget depuis trois ans. Pour faire face aux fournisseurs de services numériques, les solutions préconisées sont d’expliquer à nos gestionnaires que collectivement, nous pouvons faire des économies. Les consortiums d’achats et le partage des ressources se sont imposés( Consortium des ressources électroniques du RUIS de l’Université de Montréal, la Bibliothèque virtuelle canadienne de la santé, etc.) - Des coupures budgétaires donnant lieu à des réductions de services nous ont été rapportées. 27% des répondants mentionnent des abolitions des postes dans les cinq dernières années, 18% des postes non comblés, et 13% ont vu des postes convertis de temps plein à temps partiel. Cela se répercute sur l’offre de formations documentaires , sur la diminution d’activités de promotion et de soutien aux usagers. Moins de 20% des milieux ont noté la création d’un ou de nouveau(x) poste(s), pour la plupart reliés à de nouveaux types de services. - Notre sondage a relevé au moins quatre milieux documentaires ayant fermé leurs portes dans les cinq dernières années, parfois remplacés par du personnel de secrétariat non-qualifié. Cela met clairement en jeu l’accès aux connaissances dans ces milieux et discrédite du même coup notre reconnaissance professionnelle. b) Mise en place de nouveaux services : trois axes principaux. Mais nos milieux bougent, et l’innovation est au rendez-vous par le développement de nouveaux services : - Service de veilles documentaires : 50% des répondants ont débuté des initiatives de veille depuis moins de trois ans, ou prévoient le faire. 28% en offrent depuis plus de trois ans. Les milieux documentaires participent ainsi de manière active à la diffusion des données probantes, aux activités de formation continue, et par conséquent contribuent à l’amélioration des soins.   3 - Formation des usagers : 43% offrent des activités de formation depuis plus de trois ans. 32 % l’offrent depuis moins de trois ans ou le projettent. Nos usagers améliorent la qualité de leur pratique lorsqu’ils maîtrisent l’exécution de leurs requêtes de recherche documentaire. - Amélioration du site web de l’établissement et/ou du catalogue du centre documentaire : 51% affirment l’avoir fait ou être en voie de le faire depuis trois ans. Les milieux ayant entrepris des projets pour mieux répondre à leurs clientèles se félicitent de l’augmentation de la fréquentation et de la visibilité c) Autres services en développement : - Offre pour Patients grand public : 45% desservent la clientèle des patients ou projettent de le faire. - Réaménagement ou déménagement des locaux dans un pourcentage de 26% depuis trois ans 3. CONCLUSION Partout où les établissements de santé se sont munis des services de professionnels de l’information, les milieux ont relevé l’apport de leurs services à la qualité des soins. Par leur appui à la formation continue, leur fourniture de données dites probantes nécessaires dans le milieu de la santé, leur souci constant se tenir à jour dans leurs connaissances des nouvelles technologies et dans leur désir de s’ajuster aux besoins des clientèles, les professionnels de l’information en milieu de santé et services sociaux ont démontré qu’ils sont au cœur des enjeux vécus par les établissements. La réalité de nos milieux démontre que ce positionnement nécessite une promotion et une sensibilisation soutenues auprès de nos clientèles et de nos directions.   4